Suite au diagnostic étudiant toutes les opportunités de développement touristique, l’importante implication archéologique locale de l’ingénieur français Jacques de Morgan a été soulignée et le projet de centre d’interprétation dans le monastère d’Akhtala a émergé.

Le village d’Akhtala se situe au nord du pays Toumanian en bordure de la frontière géorgienne. Depuis la plus haute antiquité, ses richesses minières en ont fait un carrefour incontournable pour les artisans et artistes de toutes sortes : armes, bijoux, outils, poterie. A la fin du XIXe siècle, l’ingénieur français Jacques de Morgan (1857-1924) fut chargé de prospection géologique pour la société d’exploitation minière d’Akhtala. Plus motivé par l’archéologie naissante que par l’exploitation minière, il deviendra l’un des précurseurs de l’archéologie moderne en consacrant l’essentiel de son temps à fouiller, recenser et rapporter en France de nombreux témoignages de son long et enrichissant périple caucasien (l’essentiel des résultats de ses fouilles est conservé au Musée d’Archéologie National français de St Germain-en-Laye, qui a accepté le principe d’un prêt dans le cadre de ce projet de valorisation).

La forteresse-monastère d’Akhtala

La forteresse est construite à la fin du Xe siècle par la branche bagratide issue de Gourgen Ier, roi de Lori, frère du roi Achot III d’Arménie, probablement dans le but d’arméniser politiquement et culturellement les confins arméno-géorgiens. Elle est construite sur une élévation rocheuse entourée de canyons profonds sur trois côtés, ce qui lui offre une protection naturelle, la seule entrée du complexe étant protégée par des tours et des murailles. Aux XIIe et XIIIe siècles, les Géorgiens reprennent le site et transforment cette forteresse en monastère géorgien autour de l’église Ste Mère-de-Dieu qui contient alors, suivant la tradition, la croix utilisée par Jean le Baptiste pour baptiser Jésus. Cette église se caractérise aujourd’hui par son iconographie, particulièrement bien conservée, riche en thèmes et aux couleurs variées (dominées par le bleu) ; ses fresques constituent l’une des meilleures représentations de l’art bysantin hors des frontières traditionnelles de l’empire. La majorité d’entre elles portent des inscriptions en grec.

Sur la plateforme de la forteresse-monastère est érigée au XIIIe siècle une chapelle à une nef, dédiée à St Barsegh de César, en excellent état de conservation, qui n’est plus à ce jour dévolue au culte. C’est dans ce bâtiment qu’est envisagé ce projet de centre d’interprétation.

Un centre d’interprétation sur les trésors d’Akhtala

Le projet consiste à concevoir une exposition permanente, gérée par l’Office de Tourisme du Pays Toumanian, et organisée dans la chapelle Saint-Barsegh de César du monastère d’Akhtala. L’avant-projet scénographique proposé par la société lyonnaise MEDIEVAL AFDP met en valeurs les richesses minières, artistiques et archéologiques d’Akhtala et de
ses environs. L’exposition se décomposerait en trois axes :

  • Les trésors du sol avec les richesses minières exploitées depuis la plus haute Antiquité par des générations de mineurs, d’artistes et d’artisans.
  • Les trésors archéologiques avec entre autres les fouilles de de Morgan.
  • Les trésors artistiques avec les remarquables fresques polychromes médiévales de l’église voisine Ste Mère-de-Dieu et les travaux d’enluminure du moine Siméon d’Akhtala notamment, qui a vécu dans ce monastère au Moyen-Age.